Il faut tout d’abord signaler un fait notable dans le monde de l’Approche centrée sur la personne : à la différence des autres grandes courants de psychothérapie, il n’existe pas d’institut international de l’Approche centrée sur la personne qui serait le garant de l’orthodoxie rogérienne. Carl Rogers s’est toujours opposé à la création d’une école de l’Approche centrée sur la personne. Il avait peur que ses idées soient enfermées dans un dogme immuable. Il préfère présenter ses idées comme des hypothèses et il nous invite à les vérifier en permanence à l’aune des faits. Il n’existe donc pas, ni aux États-Unis ni ailleurs, une école qui serait le représentant officiel de la pensée rogérienne.
Cependant, Rogers a quand même conçu un programme de formation à l’Approche centrée sur la personne, non pas aux États-Unis comme on aurait pu l’imaginer, mais en Europe où il chargea l’un de ses collaborateurs, Chuck Devonshire, de créer le Person-Centred Approach International Institute (PCAII). Cet « Institut International pour l’Approche Centrée sur la Personne », à vocation européenne, a été fondé en 1979 par Carl Rogers lui-même (1902-1987), Chuck Devonshire (1928-1999) et Alberto Zucconi. Une première génération a débuté en 1981. C’est donc le PCAII, domicilié en Suisse, qui a formé les premières générations de rogériens français, dont Clément Haudiquet, directeur d’ACP-France.
Ce programme d’entrainement (training program) durait trois ans et se déroulait sous forme de séminaires de plusieurs jours en résidentiel. Cela permettait de rassembler des participants venus de toute l’Europe et de tous les coins de France. La formation était essentiellement expérientielle – sous forme de groupe de rencontre – ce qui permettait aux participants, non pas “d’apprendre” l’Approche centrée sur la personne, mais de la vivre à partir de leur expérience du groupe et de la relation à autrui. Le staff était composé de facilitateurs (facilitators) et non pas de formateurs. C’est le principe de l’apprentissage significatif dont parle Rogers dans son livre Liberté pour apprendre.