Réflexions à partir de l’expérience de formation du groupe Joyance.
La recherche et la théorie m’apparaissent comme un effort constant et discipliné visant à découvrir l’ordre inhérent à l’expérience vécue
Carl Rogers, in “Psychothérapie et Relations humaines

C’est bien dans cet esprit qu’a été réalisée la deuxième partie du travail. Rappelons que nous nous étions proposés, lors de ce bilan de fin de formation à l’ACP, de re-parcourir l’expérience vécue au travers des différentes sessions, à la lumière d’un certain nombre des apports fondamentaux de Rogers, à savoir les trois conditions et donc l’empathie, la congruence et la considération positive inconditionnelle, la « tendance actualisante » et la notion de centre d’auto-évaluation. Comment le groupe a-t-il fait, à partir de sa propre expérience, l’apprentissage de ces différents concepts? On reviendra, dans notre cas, en premier lieu sur la définition que Rogers donne lui même de la tendance actualisante, avant d’analyser un certain nombre de situations vécues par ce groupe ; une dernière partie traitera plus spécifiquement du parcours « d’actualisation » de l’auteur de ces lignes.

Première partie : un retour sur la définition.

Dans le premier chapitre du livre ” Le développement de la Personne” (2), chapitre intitulé ” Qui je suis; l’évolution de ma pensée personnelle et de ma philosophie professionnelle”, Rogers fait part d’un certain nombre de ses découvertes au cours des milliers d’heures qu’il a consacrées à aider des gens, à la fois d’ordre personnel et d’un point de vue de ” ses actions et jugements de valeur”. Parmi ces dernières, il évoque successivement (2,p. 20 à 25):

  • Je peux faire confiance à mon expérience.
  • Une évaluation faite par autrui ne saurait me servir de guide.
  • A mes yeux, l’expérience est l’autorité suprême.
  • J’ai du plaisir à discerner un ordre dans mon expérience
  • Les faits sont nos amis ( signifiant non pas une quelconque soumission à un “ordre des choses”, mais l’idée selon laquelle les faits sont à prendre tels qu’ils sont; “qu’ils nous permettent d’approcher la réalité et s’approcher de la vérité n’est ni nuisible, ni dangereux, ni inconfortable”).
  • Ce qui est le plus personnel est aussi ce qu’il y a de plus général.
  • Et en dernier lieu,” La vie, dans ce qu’elle a de meilleur, est un processus d’écoulement, de changement où rien n’est fixe.”.

L’avant-dernière de ces propositions concerne précisément la tendance actualisante: elle est formulée de la manière suivante:
” Voici enfin une leçon profonde qui est peut-être à la base de tout ce que j’ai dit jusqu’ici: elle s’est imposée à moi tout au long des vingt-cinq années au cours desquelles j’ai cherché à venir en aide à des individus en détresse. La voici dans toute sa simplicité:

Mon expérience m’a montré que, fondamentalement, tous les hommes ont une orientation positive.

Dans mes rapports les plus profonds en psychothérapie avec des individus, même chez les plus perturbés, chez ceux dont le comportement est le plus anti-social, dont les émotions sont les plus anormales, ceci reste vrai. Lorsque je parviens à comprendre affectivement les sentiments qu’ils expriment, lorsque je puis accepter ces clients comme ayant une personnalité individuelle qui leur appartient en propre, c’est alors que je m’aperçois qu’ils ont tendance à s’orienter dans certaines directions. Pour les décrire le plus exactement possible, je dirai qu’elles sont positives, constructives qu’elles tendent à la réalisation de la personne, qu’elles progressent vers la maturité et vers la socialisation. J’ai acquis la conviction que mieux un individu est compris et accepté, plus il a tendance à abandonner les fausses défenses dont il a usé pour affronter la vie et à s’engager dans une voie de progrès.

Je ne voudrais pas être mal compris. Je ne crois pas avoir une vue naïvement optimiste de la nature humaine. Je suis tout à fait conscient du fait que, par besoin de se défendre contre des peurs externes, l’individu peut en arriver à se comporter de façon incroyablement cruelle, horriblement destructrice, immature, régressive, anti-sociale et nuisible. Il n’en reste pas moins que le travail que je fais avec de tels individus, la recherche et la découverte des tendances très positivement orientées qui existent chez eux comme chez nous tous, au niveau le plus profond, constituent un des aspects les plus réconfortants et vivifiants de mon expérience.”

On trouve quelques autres commentaires sur la tendance actualisante dans un second livre de Rogers, non traduit ” A way of being” (3), dans les pages 117-134. ” L’Approche centrée sur la Personne, nous dit Rogers, repose sur une confiance fondamentale dans les êtres humains comme dans tous les organismes. Il existe des éléments issus de nombreuses disciplines pour renforcer cette affirmation et même au delà. Nous pouvons dire qu’il existe dans tout organisme, quel qu’en soit le niveau, un flux sous-tendant un mouvement dirigé vers l’accomplissement des possibilités inhérentes à cet organisme. Chez les êtres humains, existe également une tendance naturelle à un développement plus complexe et plus complet. L’expression qui a été le plus souvent utilisée pour cela est la tendance actualisante et elle est présente chez tous les organismes vivants.

Que nous parlions d’une fleur, d’un chêne, d’un ver de terre ou d’un bel oiseau, d’un singe ou d’une personne, nous reconnaîtrons que la vie est un processus actif et en devenir, et non pas passif. Que le stimulus vienne de l’intérieur ou de l’extérieur, que l’environnement soit favorable ou défavorable, les comportements d’un organisme peuvent être traduits en termes de conservation, grandissement et reproduction de lui-même. Ceci est la vraie nature de ce que nous appelons la vie. En effet, c’est seulement la présence ou l’absence de processus directionnel qui nous permet de dire si un organisme est mort ou vivant.

La tendance actualisante peut bien sûr être contrecarrée ou déformée, mais elle ne peut pas être détruite sans détruire l’organisme. Elle est une puissante tendance constructrice et orientée , « a directionnal process in life ». Rogers cite à nouveau l’exemple de ces pommes de terre dont les germes s’orientent vers la lumière même faible de la cave dans laquelle elles sont stockées, qui n’arriveraient jamais à maturité mais ” qui se battaient pour la vie”. Et il fait la comparai-son avec des clients qui avaient été très meurtris par la vie et auprès desquels il sentait un mouvement semblable, un mouvement vers plus de vie même si celle-ci ne pouvait pas être pleinement développée.

Rogers prend aussi l’exemple de l’embryogénèse comme image de la tendance actualisante: le processus par lequel la division cellulaire puis la différentiation- c’est dire la spécialisation en différents types de cellules suivant les tissus auxquels elles vont donner naissance- donne lieu à un corps nouveau, en l’occurrence un oursin. « Les conditions de croissance étant assurées, la croissance et l’orientation de cette croissance sont évidentes, elles-mêmes contenues dès l’origine dans l’organisme . Cette tendance est sélective et directionnelle dans un sens constructif ». Puis il donne cette extension à son propre travail: ” Je ne peux pas trouver de meilleure analogie pour la thérapie ou le groupe expérientiel que celui dans lequel, si je peux proposer un liquide amniotique psychologique, un mouvement vers l’avant de type constructif se produira”.

Un peu plus loin: ” Je voudrais rajouter un commentaire qui pourrait être clarificateur. Parfois, cette tendance à la croissance est évoquée comme si elle impliquait le développement de toutes les potentialités de l’organisme. Clairement, ceci n’est pas vrai. L’organisme ne tend pas à se développer vers la nausée, ou il encore il ne rend pas effectif son potentiel d’autodestruction, ni son aptitude à accepter la douleur. C’est seulement dans des circonstances inhabituelles ou même perverses, que de telles potentialités sont exprimées. Il est clair que la tendance actualisante est sélective et directionnelle, une tendance constructive, pourrait-on dire”. (p. 121).

Pour Rogers cette notion de tendance actualisante pose une question importante relative à la croissance: l’information génétique de l’organisme en développement contient tout le programme mais celui-ci a besoin d’un environnement pour s’exprimer. D’où cette notion d’interactions mutuelles cause—effet entre l’organisme et son environnement. C’est en fait à partir de ces interactions mutuelles cause—effet que des écarts peuvent se créer et s’amplifier et permettre la création de nouvelle information et à de nouvelles formes de se développer, ce que Prigogine, physico-chimiste que cite d’ailleurs Rogers à l’occasion d’un paragraphe sur « Science et mystique », nomme “bifurcation”, c’est à dire un développement dans une direction inattendue, par exemple une mutation génétique naturelle ou une évolution sociologique.

Dans la fin de ce chapitre, Rogers rajoute ceci: ” Je fais l’hypothèse qu’il existe une tendance orientée et formative dans l’Univers dont la trace peut être observée dans l’espace intersidéral, dans les cristaux, les micro-organismes, dans la vie organique plus complexe et chez les êtres humains. Il existe une tendance évolutive vers un plus grand ordre, une plus grande complexité, une plus grande inter-relation. Dans l’humanité, cette tendance s’exprime lorsque l’individu se développe d’une cellule unique originelle en un organisme complexe, vers une connaissance et perception d’abord en dessous d’un niveau de conscience, puis en une perception consciente de l’organisme et du monde extérieur, enfin en une conscience transcendantale de l’harmonie et de l’unité de l’ensemble du cosmos, y compris l’humanité.….. Peut être atteignons-nous là le ‘bord aiguisé’ de notre aptitude à nous transcender nous-mêmes, pour créer des orientations nouvelles et plus spirituelles dans l’évolution humaine.

Ce type de formulation est pour moi une base philosophique pour l’Approche Centrée sur la Personne. Elle justifie mon implication dans une manière d’être affirmant la vie”. ( p. 133- 135). Comme l’ont noté les divers analystes de la pensée de Rogers, comme André de Peretti (4) ou Brian Thorne (5), son intuition de base s’appuyait en fait sur de nombreux travaux de biologistes qui avaient mis en exergue cette tendance évolutive des organismes à s’adapter et à se développer ; puis sur les travaux d’un certain nombre de psychologues américains ( parmi les noms cités figurent ceux de Maslow, Angyal, et May) qui avaient également mis en lumière l’aspect dynamique de la personne et sa direction fondamentale vers la conservation et l’enrichissement de son existence. Mais la grande originalité de Rogers a été de montrer les potentialités de ce concept en thérapie, en considérant :

– que dans certaines conditions, l’individu a la capacité de faire un changement constructif de sa personnalité dans le sens d’un développement vers la maturité ; – – l’individu manifeste une tendance à actualiser cette capacité ;
– le renforcement et le développement de cette capacité et de cette tendance est la meilleure méthode de la relation d’aide dans le développement de la personnalité chez le client (1)

Ceci étant rappelé, il peut paraître intéressant de s’interroger au delà sur cette notion de « tendance » et sur l’énergie qui peut en être la source. S’agit-il d’une « énergie vitale », d’une réponse à un quelconque « dessein » ou destinée, ou bien d’une donnée intrinsèquement biologique ?

Vaste question, bien entendu, mais à propos desquelles l’auteur de ces lignes, a souhaité consulter quelques sources, en raison de son intérêt profond pour le sujet. La notion d’ « énergie vitale » tout d ‘abord est un concept très ancien , formalisé dès Aristote qui la nomme « entélechie », idée qui implique à la fois une fin et celle d’une énergie formatrice (6). On la retrouve ensuite chez les vitalistes du XIX ième siècle, pour lesquels le vivant ne peut se réduire au monde physico-chimique, ne peut pas être réduit non plus à des adaptations successives auxquelles a donné lieu l’évolution, mais que cette évolution implique « un principe vital », « un agencement merveilleux » , une « Création », ou même un « Auteur du monde ».

On la trouve aussi chez des philosophes chrétiens du XX ième siècle tels que Bergson . Cet auteur évoque dans « l’Evolution créatrice »(7), « une formidable poussée intérieure, des amibes aux formes supérieures de la vie », ou encore nous dit-il que « La vie est tendance et l’essence d’une tendance est de se développer en forme de gerbe….Mais l’élan est fini et il a été donné une fois pour toutes. Il ne peut pas surmonter tous les obstacles. Le mouvement qu’il exprime est tantôt dévié, tantôt divisé, toujours contrarié et l’évolution du monde organisé n’est que le déroulement de cette lutte ». Ou plus loin : « Ce mouvement fait l’unité du monde organisé, unité féconde, d’une richesse infinie, supérieure à ce qu’aucune intelligence pourrait rêver, puisque l’intelligence n’est qu’un de ses aspects ou de ses produits.

Chez Teilhard de Chardin également (8), cette notion de poussée évolutive est très présente. C’est bien elle qui est à l’oeuvre tout au long de l’évolution des espèces, avec au fur et à mesure que celles-ci se complexifient, l’apparition de forme toujours plus avancée de conscience. « La Terre est probablement née d’une chance. Mais, conformément à une des lois les plus générales de l’Evolution, cette chance, à peine apparue, s’est trouvée immédiatement utilisée, refondue en quelque chose de naturellement dirigé » ; non sous l’effet d’un quelconque hasard : « Le tâtonnement, qui n’est pas seulement le Hasard, avec quoi on a voulu le confondre, mais un Hasard dirigé » (p. 102). Ou plus loin (p.243) : « L’évolution équivaut à une montée de conscience, et la montée de conscience à un effet d’union ». On sait que chez Teilhard l’aboutissement de cette montée de conscience est le point « oméga » qui correspond à la « jonction de tous les points de conscience ». Et donnant sa vision mystique de ce point oméga, il nous dit (p. 296) : « L’Univers s’achève dans un synthèse de centres, en conformité parfaite avec les lois de l’Union. Dans cette vision finale, culmine le dogme chrétien »

D’autres auteurs, dont la réflexion découle également de leur activité de scientifique, donnent un autre éclairage de l’évolution, avec toujours cette idée de tendance. Ainsi, Henri Atlan nous dit : « Tout a conduit à l’idée que l’organisation des systèmes vivants n’est pas une organisation statique, ni même un processus qui s’opposerait à des forces de désorganisation, mais bien un processus de désorganisation permanente suivie de réorganisation, avec apparition de propriétés nouvelles si la désorganisation a pu être supportée et n’a pas tué le système »(9, p. 280).

Terminons ce bref aperçu avec la réflexion de Jacques Monod, pour lequel cette tendance évolutive « d’objets doués d’un projet » est nommée téléonomie (10), cette notion impliquant une activité « orientée, cohérente et constructive » (p. 69). Et ce « projet » n’est donné par aucune entité extérieure, mais c’est bien l’organisme lui-même ( cellule, embryon etc.) par tous ses composants et en particulier toute l’information contenue dans son code génétique qui le détient.

Ce qui fait dire à Monod : « La cellule est bien une machine » (p.145).Et pour lui, toutes les idéologies religieuses et la plupart des grands systèmes philosophies évoquent à tort une « ontogénie guidée, une évolution orientée » (p. 42). Ou encore, p. 59 : « Toutes les idéologies ou théories sans exception font d’un principe téléonomique initial le moteur de l’évolution soit de la biosphère seule, soit de l’univers entier. Aux yeux de la conception scientifique moderne, toutes ces conceptions sont erronées, avec à la source de ces erreurs l’illusion anthropocentrique » (p .59). « L’organisme transcende en effet, tout en les observant, les lois physiques pour n’être plus que poursuite et accomplissement de son propre projet » ( p. 107). Et cette conclusion : « L’ancienne alliance est rompue : l’homme sait enfin qu’il est seul dans l‘immensité indifférente de l’Univers d’où il a émergé par hasard. Non plus que son destin, son devoir n’est écrit nulle part. A lui de choisir entre le Royaume et les ténèbres » (p. 225), ( ce Royaume étant ce qu’il définit par « une éthique de la connaissance »).

Où est Rogers par rapport à tout cela ? La tendance actualisante correspond-elle à un « projet » dirigé ou pas, à un « dessein intelligent » (*3), comme celui auquel se réfèrent les néo-créationnistes américains , ou tout autre ? Non, Rogers nous dit, comme nous l’avons rappelé plus haut que « Les conditions de croissance étant assurées, la croissance et l’orientation de cette croissance sont évidentes, elles-mêmes contenues dès l’origine dans l’organisme ». Rien d’autre, en tout cas en ce qui concerne l’intervention ou pas d’un principe d’ordre supérieur. Comme le rappellent les auteurs cités plus haut, André de Peretti (4, p. 146) et Brian Thorne (5, p.34), Rogers s’est toujours refusé à entrer dans un débat sur le religieux ou de donner un point de vue personnel sur le sujet, ce qui ne l’empêcha pas de s’affirmer bien conscient de la dimension spirituelle de la personne.

Trouverait-on enfin quelque relation entre « la croissance et l’orientation de cette croissance » et ce que la tradition taoïste appelle énergie? On sait que Rogers lui-même fit 6 jeune étudiant un séjour de mois en Chine, séjour qui eût, dit-il, un certain impact sur ces conceptions philosophiques (4) . Aurait-il trouvé là quelque source d’inspiration à propos de la tendance actualisante ?

Selon la tradition chinoise (11), une première forme d’énergie est donnée par le Qi , élément fondamental de l’Univers qui a engendré le ciel, la Terre , ainsi que les nombreuses énergies présentes dans la nature.

Dans le corps humain, c’est une substance invisible qui, sans cesse en mouvement, irrigue le corps ; c’est la force motrice qui perpétue la vie. Les activités vitales de l’homme sont dues à la production et aux variations du Qi , symbole de la vie. Ce Qi est complété par le Jing , lequel correspond à ce qui assure la permanence de la vie et par le Shen qui correspond aux phénomènes essentiels du mouvement vital que sont la pensée, les états de conscience, la faculté de raisonner etc.

Même si ce découpage de l’énergie peut a priori nous surprendre, une relation avec la tendance actualisante peut en être établie en ce sens que le Jing et le Qi comportent une composante innée, naturelle, une force motrice qui perpétue la vie, à partir de laquelle vont se former les autres énergies.

Mais si la « tendance actualisante » telle que la définit Rogers est comme le Qi et le Shen une donnée biologique, elle a cette particularité d’être pour lui fondamentalement évolutive, constituant le seul moteur de développement d’un organisme, dans ses dimensions aussi bien physiologiques que psychologiques, en orientant son mouvement. C’est cette puissance innée de développement qui fonde pour Rogers cette option de la confiance faite au développement de la personne comme résultant d’un choix de bon sens.

Ce parti fondamental de la confiance faite en la Personne et à son potentiel de développement est bien une donnée tout à fait originale de l’ACP.

Ce parti peut a priori surprendre et on sait que Rogers a été critiqué pour ne l’avoir pas suffisamment fondé ( 4) ; avec en particulier ce reproche de Rollo May, cité par A. de Peretti (ref. 4, p. 265) , « de ne pas affronter les sentiments haineux, négatifs, hostiles des clients, c’est à dire le mal ». On a dit plus haut ( cf. page 2) comment Rogers avait répondu à cette objection.

Pour ma part, je pense que cette idée centrale de la confiance en la personne, au delà de cette option fondamentale de Rogers , est largement dans l’esprit du Nouveau Monde, à la différence de la France en particulier, « où ressort notre défiance de nos procédures de thérapie ou d’éducation à l’égard des émotions ou de l’affectivité, notamment les sentiments positifs, mal reçus en raison de nos traditions intellectualistes, brillantes ou jansénistes » ( ref. 4, p. 122).

Si le lecteur m’y autorise, je m’en réfère pour cela à ma propre expérience de la pratique nord-américaine de la confiance en soi et aux autres et je me souviens à quel point elle nous avait frappés, ma famille et moi-même lors d’un séjour que nous fîmes à Toronto dans les années 72-73. Que ce soit dans l’expérience professionnelle, dans la vie quotidienne, celle de nos trois enfants à l’école primaire, le « Just do it » n’était pas une légende. On est régulièrement considéré de la manière suivante ” Vous êtes ici pour tel type d’activité; ce que vous avez fait…

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L’auteur
Jacques Périé professeur Honoraire de chimie et biochimnie des Universités. Lauréat d’ACP-France 1° cycle, promotion 2003, Groupe II, dit « Joyance ». Ancien secrétaire d’ACP-France